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Essai expériencio-philosophique sur Le Paraguay — Le calme au cœur de l’Amérique ou la lenteur devient essentielle
Il ne s'agit pas ici de créer une polémique, mais plutôt de partager une réflexion personnelle nourrie par l'observation, dans un esprit d'échange respectueux et bienveillant.
Il existe de nombreuses manières d’aborder le monde et le Paraguay, et parmi elles, deux grandes sensibilités se distinguent souvent : l’esprit scientifico-mathématique et l’esprit philosophico-spirituel. L’un cherche la logique, les données, les structures mesurables ; l’autre s’oriente vers le sens, la profondeur, l’intuition et l’harmonie intérieure.
Et lorsque ces deux types d’esprits découvrent le Paraguay, ils y vivent des expériences profondément différentes… mais également complémentaires.
Les profils scientifiques, cartésiens ou stratégiques, peuvent parfois être déroutés. Ici, les choses ne se déroulent pas toujours "selon le plan", les systèmes ne sont pas linéaires, et les délais rarement fixes. Le temps semble s’étirer, les structures sont souples, les réponses parfois floues. Cela peut sembler imprécis ou inefficace… jusqu’au moment où l’on découvre que la flexibilité fait partie intégrante de l’équilibre local.
À l’inverse, ceux qui portent un regard plus philosophique ou spirituel trouvent souvent dans ce pays un terrain d’écoute, de contemplation et de transformation intérieure. Le rapport au temps, à la terre, à la communauté, invite à ralentir, à ressentir, à s’interroger autrement. La sagesse populaire, le lien à la nature, la simplicité des échanges touchent quelque chose d’essentiel : un retour à soi, un retour à l’essentiel.
Mais le plus beau, c’est peut-être que chaque vision peut nourrir l’autre. L’esprit rationnel apprend ici à lâcher prise, à accueillir l’imprévu comme une voie d’adaptation. L’esprit intuitif, lui, peut se confronter à la réalité concrète des choix, des chiffres, des décisions à poser.
Au Paraguay, il n’y a pas de modèle unique de réussite ou d’épanouissement. Chacun vient y chercher ce dont il a besoin, et chacun y trouve ce qu’il ne cherchait pas forcément, mais qui l’aide à grandir.
Et c’est peut-être cela, la plus belle richesse de ce pays discret : il parle à chacun dans sa propre langue intérieure.
Vivre au Paraguay, ce n’est pas simplement changer de pays, c’est changer de rythme. Ici, le temps semble s’être assis à l’ombre d’un manguier, une tereré à la main, refusant poliment la frénésie du monde moderne. L’efficacité, la vitesse, l’ambition verticale ? Elles existent, sans doute, mais elles n’ont pas le dernier mot. Le Paraguay enseigne autre chose : la patience, la simplicité, l’endurance douce.
Philosophiquement, ce pays m’a appris ce que les Stoïciens appelaient l’acceptation du réel. Rien n’y fonctionne tout à fait comme prévu — ni l’administration, ni la météo, ni même les routes. Mais c’est justement là que naît une forme de sagesse : dans cette capacité à ne pas s’irriter de ce qui échappe, à faire de l’imperfection une habitude paisible. Le Paraguay ne promet rien. Et c’est peut-être là sa plus grande promesse.
Il y a encore quelques décennies, le Paraguay attirait surtout les insoumis, les marginaux, les aventuriers ou les grands voyageurs. Ceux qui y venaient n’étaient pas forcément en quête de confort ou d’image, mais plutôt d’espace, de liberté et de tranquillité. Avant l’arrivée massive des YouTube et des réseaux sociaux, beaucoup confondaient d’ailleurs le Paraguay avec l’Uruguay… c’était dire à quel point ce pays restait discret.
Aujourd’hui, les choses changent. Les "plans B" et les "optimisateurs" arrivent en nombre, avec leurs doutes, leurs projections, leurs certitudes parfois. Les articles se multiplient, les vidéos aussi. On analyse, on compare, on évalue : “Le Paraguay est-il un bon choix ?” Certains y voient un refuge, d’autres une opportunité, et beaucoup cherchent à se rassurer avant de franchir le pas de l’expatriation.
Inévitablement, les discours se croisent : il y a ceux qui veulent vendre du rêve, ceux qui proposent un accompagnement complet – papiers, immobilier, intégration et ceux qui veulent juste partager leur expérience sincère. Entre espoirs et questionnements, le Paraguay devient un miroir des attentes de chacun.
Mais ce que beaucoup découvrent en arrivant, c’est que le pays demande une réelle capacité d’adaptation. Rien n’y est tout à fait simple ni instantané. Le mode de vie, les démarches, le rapport au temps… tout invite à lâcher prise, à revoir ses repères. Et si cette transformation intérieure était justement ce que le Paraguay offre de plus précieux ?
S’installer au Paraguay avant 40 ans est peut-être difficile à envisager pour certains. Ce pays, si paisible et lent dans son rythme, semble appeler ceux qui ont déjà traversé les grandes vagues de la vie, ceux qui ont dépassé l’étape de l’agitation permanente pour entrer dans un temps plus serein, plus intérieur. C’est un lieu qui correspond merveilleusement à ceux en quête de retour au calme, d’un ancrage simple et authentique.
Comme partout, s’expatrier implique de rencontrer une mentalité différente, avec ses beautés et ses complexités. Le Paraguay n’échappe pas à certaines réalités humaines universelles : il peut arriver que des personnes – locales ou expatriées – cherchent à profiter de la vulnérabilité des nouveaux arrivants, en surfacturant ou en proposant des biens de qualité douteuse. Mais ce phénomène existe aussi dans de nombreux pays, y compris ceux que beaucoup quittent aujourd’hui. C’est souvent une conséquence de sociétés en mutation, où les valeurs évoluent rapidement.
Cependant, il serait injuste de réduire le Paraguay à cela. Car ceux qui prennent le temps de découvrir le pays en profondeur y rencontrent une population chaleureuse, accueillante et profondément connectée à la terre. Il subsiste ici une culture de l’entraide, de la famille, du partage, une forme de sagesse paysanne que l’on ne retrouve plus aussi facilement dans beaucoup de sociétés occidentales. Cette sagesse n’est peut-être pas académique, mais elle est vivante, enracinée et profondément humaine.
Certains Européens peuvent être surpris par ce qu’ils perçoivent comme un manque de culture générale ou de connaissances formelles. Mais ce serait passer à côté de l’essentiel : la culture de l’accueil, du respect ,du Contact naturel , et de la simplicité des liens humains. Pour ma part, je considère que c’est l’une des plus belles formes de connaissance, car elle ouvre à l’autre avec le cœur avant tout.
Le Paraguay demande un véritable temps d’adaptation, en particulier pour celles et ceux qui vivent leur première expérience d’expatriation. Il est important de prévoir au moins une année d’observation, sans précipitation. L’idéal est de louer une maison, même simple, sans chercher la perfection, mais un lieu suffisamment confortable pour vivre et observer le pays en profondeur.
(Il est vivement recommandé de ne rien acheter immédiatement, sauf éventuellement un véhicule – qui, à lui seul, vous offrira déjà une bonne immersion dans les réalités concrètes du pays, à travers l’expérience de l’achat, de l’entretien, et des démarches locales.)
Les profils qui arrivent sont variés. Certains citadins se tournent naturellement vers Asunción, souvent perçue comme le seul repère urbain pleinement développé. D’autres préfèrent des zones plus rurales, qui peuvent être perçues – à tort – comme “arriérées”, mais qui recèlent en réalité un profond potentiel humain et naturel.
Il y a aussi ces âmes idéalistes qui rêvent de fermes en autonomie, de communautés résilientes, parfois inspirées par les expériences mennonites ou village communauté– et cela peut effectivement être réalisable au Paraguay, à condition d’une bonne préparation et d’un ancrage solide.
Enfin, certains expatriés, motivés ou anxieux, souhaitent acheter tout de suite, persuadés que les prix vont augmenter. Mais encore une fois, la patience est une clé essentielle ici. L’observation, la compréhension du contexte local, la rencontre avec les habitants et l’étude du territoire sont des étapes incontournables.
Il faut disposer d’un capital de temps et d'argent, de patience et d’écoute, pour évaluer correctement où s’installer, dans quelles conditions, et avec quel projet. Étudier le marché local, comprendre les réalités économiques et sociales, sentir les lieux : c’est une démarche précieuse pour construire un projet de vie cohérent, durable et apaisé.
Le Paraguay peut offrir de belles opportunités, mais il le fait à son rythme. Ce rythme est une école de patience, d’humilité et d’intuition, que chacun peut choisir d’épouser… ou non.
Il faut le dire avec honnêteté : si vous prévoyez de rester au Paraguay sur le long terme, il sera probablement nécessaire, à un moment donné, de créer une activité professionnelle. Le salariat local offre rarement une rémunération suffisante pour maintenir un niveau de vie confortable — les salaires moyens tournant autour de 300 euros par mois. Il devient donc essentiel de réfléchir à la création d’un commerce ou d’une entreprise.
Cela implique, bien sûr, d’avoir un minimum de ressources financières au départ. S’installer, observer, s’adapter, puis lancer un projet demande du temps, de l’énergie et une certaine stabilité économique. Sans cette base, les obstacles peuvent s’accumuler rapidement. Surtout au Paraguay
Il est fortement conseillé de rester dans un domaine que vous maîtrisez déjà. Changer de pays, c’est déjà un immense défi : nouvelle culture, nouvelle langue, nouvelle logique de fonctionnement. Y ajouter un projet professionnel totalement inédit peut rendre l’ensemble beaucoup plus complexe, voire décourageant.
Il est donc sage de prendre un temps raisonnable d’observation et de préparation avant de se lancer. Certains projets peuvent sembler prometteurs, mais se heurter à des réalités inattendues. Cela ne signifie pas que vous n’y arriverez pas, mais simplement qu’il faudra ajuster, corriger, apprendre et ajouté d'autres corde a votre arc. Pour que les premiers temps plusieurs activité en face une complète !
Car il faut le souligner : un business met du temps à démarrer, et encore plus à atteindre une forme de stabilité au Paraguay .Il faut souvent plusieurs mois, voire plusieurs années, pour qu’il trouve son rythme. Et pourtant, ceux qui persévèrent finissent souvent par voir leur projet s’épanouir. Quand une activité commence à fonctionner au Paraguay, elle peut durer très longtemps. La fidélité des clients, le bouche-à-oreille, la constance sont de puissants alliés ici.
Enfin, si dans les premiers mois vous avez parfois songé à abandonner, ne vous en blâmez pas. C’est normal. Beaucoup passent par là. Cela ne préfigure en rien l’échec futur. Au contraire, ce sont souvent ces doutes et ces moments difficiles qui forgent la solidité d’un projet.
Le Paraguay ne vous demandera pas de réussir vite, mais de vous installer profondément, humblement, et patiemment. Et c’est peut-être cela, sa plus belle école.
Loin du tumulte médiatique, ce pays semble vivre selon une autre vérité du monde, où les mots perdent parfois leur pouvoir devant le silence des grands arbres, où la terre rouge vous colle aux semelles comme un rappel que tout vient de là — du sol, du local, du lent. On n’est pas productif ici : on est présent.
Et si c’était ça, le vrai progrès ? Réapprendre à habiter le temps plutôt qu’à le remplir ? En ce sens, le Paraguay n’est pas un pays en retard : il est en résistance. Il n’offre pas une modernité éclatante, mais une sorte d’humanité ancienne, encore intacte.
En conclusion !
Vers un futur en équilibre : la rencontre des trois mondes
Notre époque, en quête de repères et de sens, semble tiraillée entre trois grands pôles de l’expérience humaine : le monde primaire, enraciné dans la nature et les besoins fondamentaux ; le monde spirituel et religieux, source de transcendance et de quête intérieure ; et le monde scientifique et mathématique, pilier de la rationalité et du progrès matériel.
Pendant longtemps, ces trois dimensions ont été opposées, voire mises en concurrence. Mais peut-être est-il temps de les réconcilier, de leur offrir un espace commun, un promontoire d’équilibre, d’où envisager l’avenir avec plus de sagesse.
Le monde primaire, souvent associé au passé, n’a rien perdu de sa valeur. Il nous rappelle notre lien vital à la terre, au corps, au rythme du vivant. Il nous enseigne la patience des saisons, la simplicité des besoins, la beauté des choses vraies. Ce monde-là, parfois méprisé, est pourtant la base sur laquelle tout repose.
Le monde spirituel et religieux, quant à lui, dépasse les dogmes pour rejoindre une aspiration universelle : celle de se relier à plus grand que soi, de chercher une lumière intérieure, de nourrir l’âme autant que le corps. Il est le souffle, l’intuition, la présence invisible qui oriente notre marche. Il ne doit pas fuir le monde, mais l’habiter autrement, avec compassion et profondeur.
Enfin, le monde scientifique et mathématique est un outil puissant, une merveille d’intelligence humaine. Il nous permet de comprendre, de construire, d’anticiper. Mais s’il est isolé des deux autres, il peut devenir froid, rigide ou même dangereux. Il a besoin d’éthique, de cœur et de sens pour servir l’humain, et non l’asservir.
Un futur en équilibre naît quand ces trois mondes ne se nient plus, mais s’écoutent. Quand le cultivateur respecte la terre, le chercheur s’interroge sur l’impact de ses découvertes, et le mystique garde les pieds dans le réel. C’est ce croisement-là qui peut fonder une société plus juste, plus lucide et plus durable.
Peut-être est-ce cela que certains cherchent en venant vivre autrement, dans des lieux plus simples, plus lents, comme le Paraguay ou ailleurs : un retour à l’essentiel, un recul, une synthèse vivante. Non pas un repli, mais une reconstruction. Une chance de se remettre à l’écoute de ces trois voix intérieures qui, ensemble, forment une sagesse.
Le monde de demain ne sera ni technologique seul, ni mystique seul, ni rural seul. Il sera un pont entre ces réalités, une terre d’équilibre, où chacun pourra marcher plus librement.
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